Le 23-24 avril 2016 a eu lieu le rassemblement annuel de la Fédération de Parkour plus connu sous le nom de Week End FPK. Cette année, Roubaix était la ville hôte avec comme organisateur l’association Parkour 59, l’un des piliers de la fédération.
Au programme : 2 jours pour découvrir, pratiquer et s’initier au Parkour dans les lieux emblématiques de Lille et Roubaix ainsi que des initiations grand public, des démonstrations, des workshops dirigés par des coachs et des tables rondes associatives. Ouvert au grand public, l’événement a accueilli 700 participants de toute la France.
L’événement 2016 a été placé sous le signe de l’ouverture. Pour la première fois, les participants ont pu rencontrer, dialoguer et s’entraîner avec des coachs externes à la Fédération. Ainsi nous sommes heureux d’avoir pu accueillir l’ADD Paris, Evry et Bordeaux, ParkourOne, la French Freerun Family, Parkour Paris, ainsi que l’Ecole de Parkour de Lyon, Philip (Germany) et Ludovic (session barefoot). Merci à eux.
Table ronde de dimanche « Echange avec l’ADD«
Le Weekend FPK était aussi l’occasion d’échanger entre les représentants des différents courants de la discipline. Parmi les nopmbreuses tables rondes, celle qui a réuni le plus de monde était celle de l’ADD. Animation : Sébastien (ADD Bordeaux)
Présents : env. 40 personnes issus des écoles ADD, des associations FPK et de Parkour One.
Témoignages des personnes présentes :
(les propos exprimés ici n’engagent que leurs auteurs et ne sont pas des prises de position officielle ni de la FPK, ni de l’ADD)
Aurélie (ADD) : Certains participants regrettent que David (Belle) ait laissé les traceurs se débrouiller seuls. Les entrainements ADD sont plus durs physiquement que le Parkour et ceux qui ont pu tester ne s’en doutaient pas. Si au quotidien les pratiques divergent peu, tous se sont accordés qu’il y aurait plusieurs définitions de la discipline : ADD / Freerun / le Parkour de David Belle / le Parkour des pratiquants d’aujourd’hui (qui ressemble beaucoup à l’ADD). Les jeunes générations diffusent beaucoup leurs photos/vidéo via les réseaux sociaux, contrairement aux anciens qui « traçent pour eux ». Les membres ADD ont la chance d’avoir les fondateurs toujours très présents dans la pratique. Des valeurs de l’ADD ont été découvertes par des pratiquants de Parkour et conservées dans leurs entrainements personnels.
Témoignage : J’ai l’impression que le Parkour de David Belle avec son efficacité de déplacement d’un point A à un point B n existe plus vraiment sous sa forme originelle. La plupart des pratiquants ont appris seul, à partir de vidéos, entre eux et à mesure de leur rencontre. Tous y ont rajoutés du physique (dans une plus ou moins grande mesure) des valeurs de solidarité (entraide, respect, dépassement de soi …) et des « grigris » dans leur pratique. Ils continuent à appeler leur pratique Parkour alors que ce que je vois ressemble beaucoup à de l’Art Du Déplacement issu des Yamakasi.
Aurélien (FPK) : L’objectif de la table ronde était un échange entre les pratiquants « Parkour » et les cadres de l’ADD présents afin de discuter des valeurs respectives : celles portées par l’esprit Yamak et celles retrouvées, ou non, dans les associations de Parkour. L’ADD s’est positionnée sur l’aspect physique de la pratique et l’importance d’un socle solide avant de vouloir exploiter le mouvement. Socle qui semble être moins présent ailleurs. En réalité, l’aspect physique a beaucoup évolué dans les assos en fonction de l’avancée et du perfectionnement des bénévoles/coach et de leurs connaissances sportives. Ex pris à Grenoble : nous faisions au début des sessions physiques « de guerrier », inabordables aux non-sportifs. Nous avons à présent assoupli ces sessions pour les rendre plus accessibles. Côté valeurs, l’ADD a souligné l’aspect communauté et soutien du groupe, notamment au travers du physique ou les plus forts accompagnent les plus faibles. Cela a fait réagir une pratiquante associative : « mais c’est pareil chez nous ! ». L’an dernier avec Williams (Belle) j’avais déjà échangé à propos des valeurs et des noms respectifs des disciplines. En l’absence de rôle actif des fondateurs (David Belle, Sébastien Foucan), les pratiquants s’étaient appropriés les termes « Parkour » et « freerunning » et les ont fait évoluer. A l’inverse, l’ADD a conservé ses fondateurs qui ont fait vivre et évoluer leurs idées via des écoles et des workshops. La communauté Parkour, orpheline et « sans » fondateurs, s’est fait sa propre idée et s’est construite autour d’un mélange de valeurs mélangeant le côté « rigide » de la définition du Parkour et la souplesse du mouvement prôné par l’ADD, en y ajoutant les valeurs comprises des deux côtés : entrainement pour soi, A>B du Parkour, l’esprit famille, ensemble, le soutien du groupe côté ADD, le respect des autres, de ses lieux d’entraînement, etc. Au final, l’impression que nous pratiquions des choses très différentes s’est estompée. Les bases des pratiques et les valeurs semblent assez proches. Serika a regretté que beaucoup de jeunes générations accordent plus d’importance au visuel qu’au dépassement personnel. Le défi a été lancé à certains dans la salle de ne rien filmer pendant un an.
Mon ressenti personnel : si j’utilise le terme Parkour c’est parce que c’est l’un des premiers sur lesquels je suis tombé en m’intéressant à la pratique. Assez rapidement, nous avons compris que l’ADD était un nom porté par l’esprit et l’équipe Yamakasi et sans s’entraîner avec eux, ç’aurait été un manque de respect et une usurpation de s’intituler comme ça. David Belle et les gens autour de lui ont laissé le Parkour évoluer sans trop s’impliquer, permettant ainsi (peut-être sans le vouloir) une récupération du nom éloigné de ce qu’à été SON Parkour (à DB). L’absence de fondateurs dans les assos Parkour est peut-être une difficulté aujourd’hui dans certaines assos pour guider des jeunes générations qui voient dans le Parkour/ADD une liberté « sans limites » …
Sébastien (ADD) : En ADD, on s’épuise à la préparation physique justement pour renforcer le corps face au danger que représente le pratique. C’est un cheminement physique qui devient psychologique. Je l’ai constaté avec moi-même et je le constate avec mes élèves qui font des sauts et se sentent prêt parce qu’ils sont fort physiquement et psychologiquement. La partie intégration est toute simple. Je ne grimpe pas partout « à la sauvage » parce que je sais que cela dérange et que ça ne fait pas avancer la pratique… Comme le prônent tous les fondateurs (Yamakasi et David ) la pratique doit aider et non l’inverse… c’est comme un art martial. J’aime beaucoup l’interview de David dans lequel il raconte comment il avait dépanné un habitant ayant perdu ses clefs en lui ouvrant son appartement de l’intérieur en passant par le balcon… c’est une vision simple et saine de la pratique..
Aurélien (FPK) : Merci pour la table ronde. J’avais 6 jeunes de l’asso présents dans la salle. Ca leur a permis de mettre en perspective ce qu’on dit chez nous. Et le discours étant a peu près le même, ça les a fait réfléchir très positivement sur leur place dans le groupe, leur rôle et la force positive qu’ils peuvent être pour les autres et pour la pratique.
Sacha (FPK) : Cette table ronde a été un moment de partage chaleureux et nécessaire depuis longtemps. J’en suis sorti avec une sensation d’apaisement et l’envie de continuer les échanges entre ADD et FPK. Je remercie beaucoup Sébastien et l’équipe ADD d’avoir proposé cette discussion.